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La santé, notre bien commun
Un rapport de l'OMS plaçait en 2000 la France en tête d'une liste de
191 pays concernant les performances du système de santé. L'INSERM a dans la
même période démontré que les progrès de santé s'étaient effectués dans notre
pays sans parvenir à résorber les inégalités sociales de santé. Inégalités
sociales et état de santé sont aujourd’hui devenus indiscutables. Le fait que
notre système de santé et notre système d'assurance maladie n’est plus en
capacité d’empêcher les inégalités de santé engendrées par les inégalités
sociales est un grave constat d’échec. Les inégalités sociales de santé ne se
résument pas à des inégalités de ressources. Celles-ci sont à l’origine de
l'aggravation de tous les éléments environnementaux. Avant le développement de notre économie et la
transition d’une économie agrarienne à une économie industrielle au XIXe siècle
les principaux problèmes de santé environnementaux étaient la quantité et la
qualité de l’alimentation, trouver de l’eau potable, l’hygiène de l’habitat et
des villes auxquels sont associés les maladies infectieuses et la mortalité
infantile. Dans le même temps où l’on s’éloignait des anciens risques
environnementaux et que les maladies infectieuses reculaient,
l’industrialisation, la production de masse, notamment dans le secteur
agricole, et l’urbanisation ont amené à se développer de nouveaux risques
environnementaux pour la santé. En raison de l’apparition d’un multitude de
nouvelles molécules chimiques et de substances toxiques susceptibles de
s’accumuler dans l’eau, l’air ou les aliments que nous consommons des
pathologies chroniques comme les problèmes respiratoires, les cancers ou encore
les troubles prennent une importance considérable et de plus en plus
grandissante dans les problèmes de santé.
Inégalités
sociales et inégalités de santé
Il est aujourd’hui certain que les inégalités sociales influent sur l'état
de santé. Les Français les plus démunis sont aussi ceux qui sont les plus
exposés aux cancers, maladies cardio-vasculaires et aux pathologies mentales.
Aujourd’hui en France la population au plus bas de l’échelle sociale est la
plus touchée par les inégalités de santé, l’urgence étant de vivre voire de
survivre. Ainsi en 2004, 13% des patients déclaraient avoir renoncé à des
soins. Ils étaient 24% en 2010, ce chiffre atteignait 32% chez les
bénéficiaires de la CMU.
Au-delà, les inégalités sociales ont un impact sur l'espérance de vie.
Les écarts se sont creusés depuis les années 1990, ainsi l’espérance de vie
d'un homme de 35 ans est inférieure de 9 ans pour un ouvrier par rapport à un
ingénieur. De la même manière un cadre a un risque deux fois moins élevé qu’un
ouvrier de décéder entre 35 et 60 ans. L'écart d'espérance de vie en bonne
santé entre un cadre et un ouvrier est de 10 ans, le cadre pouvant espérer
vivre en bonne santé jusqu’à 69 ans, 59 ans pour l’ouvrier. Face à ce constat,
refaire de la retraite à 60 ans à taux plein, c’est-à-dire 75% du salaire de
référence soit les 10 meilleures années dans le privé ou les 6 derniers mois
dans le public, la norme apparaît particulièrement actuel et urgent.
Face à ce constat, trois éléments sont à prendre en
compte pour améliorer rapidement et durablement l’état de santé des Français et
en priorité des plus précaires. Le travail d’abord, les moins qualifiés sont
les plus exposés aux risques dépressifs liés au travail. Avec le développement
des outils d’évaluation de la performance de chaque salarié et des salariés
entre eux dans les entreprises, les risques dépressifs et de stress au travail,
avec parfois comme finalité le suicide sur le lieu de travail, sont de plus en
plus préoccupants. Le lieu de résidence ensuite : on est plus ou moins en
meilleure santé en fonction de son lieu de résidence. Selon la DREES un tiers
des résidents en zone urbaine sensible se déclare en mauvaise santé contre un
quart ailleurs. De plus les personnes se déclarant en mauvaise santé sont
surreprésentées dans les quartiers à très fort taux de chômage avec 32% contre
22% pour les quartiers dont le taux de chômage est plus faible. Le niveau
d’instruction enfin, selon la même étude de la DREES les personnes de niveau
Bac se déclarent en moins mauvaise santé que les personnes sans diplôme, le
niveau d’instruction jouant un rôle dans la réception des messages de
prévention et les recommandations sanitaires.
Faire de la
prévention et de l’éducation à la santé une réalité
La santé ne se résume pas qu’à sa dimension thérapeutique. La
prévention est toujours autant mal estimée, que ce soit dans les formations des
professionnels de santé ou dans la société. Les associations, les
professionnels de la prévention doivent toujours faire plus avec moins. Il faut
que cela cesse. La politique de santé publique doit reprendre ces éléments en
main et lancer une dynamique autour de l’éducation à la santé et de la
prévention. Le développement toujours constant de maladies chroniques
semblables au diabète, le retour de certaines IST, les troubles de la nutrition
rend une politique de prévention ambitieuse liant éducation à la santé,
prévention et promotion de la santé plus que jamais nécessaire. Toutes les
populations ne sont pas touchées par les messages de prévention aussi pour
toucher toutes les populations il est nécessaire que la prévention-santé soit
financée à la hauteur des besoins par l’État et la Sécurité sociale et s’appuie
sur les acteurs médicaux et sociaux de terrain : médecins, services de
prévention, associations de dépistage et de prise en charge de maladies
chroniques, centres de santé, médecins et infirmières scolaires. Nous disposons
d’observatoires régionaux de la santé produisant des études pertinentes sur
l’état de santé des populations locales, c’est pourquoi la politique de
prévention doit prendre en compte les contextes locaux et être déclinées
localement. Afin de casser les déterminants sociaux dans l’état de santé, il
importe d’inscrire dans les programmes scolaires et de mettre en place dans les
écoles, collèges et lycées des séquences d’éducation à la santé avec une
formation des enseignants sur ces questions. Nous ne pouvons parler de
prévention sans rendre hommage au travail de la mutualité et des mutualistes
qui la compose. La Mutualité est un acteur important de la prévention qu’elle
décline de manière générale ou spécifique selon les métiers et les
problématiques propres qui y sont liées, c’est pourquoi nous devons soutenir la
Mutualité et en faire un acteur majeur de la prévention et de la promotion de
la santé.
La santé a un prix
inestimable, des coûts socialisables : pour une protection sociale
universelle !
Entre 2001 et 2010 les coûts directs de la santé dans le budget des
ménages hors cotisations sociales a explosé. Sous Sarkozy franchises médicales,
déremboursements, suppression de la prise en charge à 100% pour certaines
pathologies, augmentation du forfait hospitalier ont pénalisé ceux qui sont
malades et durablement dégradé les conditions d’accès aux soins des Français. Seul
un euro sur deux est remboursé pour les soins courants, les soins dentaires
sont remboursés à 30% et les soins optiques à seulement 4%. L’augmentation de
la TSCA et de la taxe CMU pesant sur les mutuelles a amené mécaniquement à
l’augmentation des cotisations mutualistes, favorisant ainsi la
démutualisation. Les dépassements d’honoraires sont considérables et nous ne
pouvons que déplorer le fait que ces pratiques perdurent malgré la négociation
organisée par Marisol Touraine entre les syndicats de médecins et les
représentants des organismes complémentaires en 2012. 7% de la population n’ont
pas de complémentaire santé, 22% des Français les plus modestes. Dans un
contexte où la santé devient de plus en plus un bien marchand, ceux qui sont
les plus touchés par les inégalités sociales face à l’état de santé sont aussi
ceux qui ont le moins les moyens de se soigner. Où est passé notre système solidaire ?!
La financiarisation de l’économie a fait
exploser les prélèvements financiers sur les entreprises au détriment de
l’emploi. Ce coût du capital pèse sur l’évolution de la masse salariale, le
développement des entreprises, l’industrie et pompe les recettes de la Sécurité
sociale. Pour plus de profits, plus de délocalisations, moins d’emplois donc moins
de cotisations. Quelles réponses ont été apportées ces dernières années ?
Fiscalisation par des taxes diverses et variées, projet de TVA dite
« sociale » sous Sarkozy, pacte de solidarité sous François Hollande,
les attaques contre le système de protection sociale pour toujours plus de
baisse de « charges » pour les entreprises et la dérive vers un
système assurantiel individuel sont inquiétantes au plus haut point. Nous
devons renouer avec le principe qui sous-tendait la construction de notre
système de sécurité sociale : « À chacun selon ses besoins, y
contribuant selon ses moyens. » Malgré le déficit de la sécurité sociale,
c’est possible ! L’argent existe pour réorienter les moyens nécessaires au
comblement du « trou de la sécu ». Tous les ans le budget de l’État
est grevé de 20 milliards d’euros par le CICE, malgré une inefficacité
économique éprouvée, 82 milliards d’euros de niches fiscales, près de 50
milliards d’euros de niches sociales, 20 milliards d’euros de fraudes aux
cotisations qui sont le fait du patronat. La crise systémique actuelle du
capitalisme et les déséquilibres financiers des comptes de la Sécurité sociale servent
d’argument à la baisse de la prise en charge au nom de la
« compétitivité » et du « coût du travail ». Pourtant le
niveau de ces richesses nationales détournées de leur utilité sociale montre
que l’on pourrait refinancer notre système de sécurité sociale sans remettre en
cause le droit des Français à se soigner. A contrario, ces moyens retrouvés pourraient
permettre de répondre aux préoccupations des Français et aux nécessités
sanitaires et sociales en augmentant les taux de remboursement à 100% par
l’Assurance malade pour les soins courants, en réalisant la retraite à 60 ans
et à taux plein, en créant véritablement une cinquième branche de la Sécurité
sociale prenant en charge à 100% la perte d’autonomie et en recréant un accès
au service public de santé sur tout le territoire avec un accès à l’hôpital
partout et pour tous.
Le
sport pour la santé
Les bénéfices de l’activité physique sur
la santé ne sont plus à démontrer. Le sport a un effet de manière globale sur
les maladies cardio-vasculaires, les troubles du métabolisme, certains cancers,
les maladies respiratoires et certaines maladies liées à la vieillesse selon de
nombreuses études épidémiologiques. Nous savons que la pratique d’une activité
physique et sportive par les Français est insuffisante, que ce soit en temps et
en régularité, et ce à tous les âges de la vie.
Au-delà de ses bienfaits sur l’état physique
des personnes s’y adonnant, le sport c’est aussi des organisations et du lien
social : associations, clubs, animateurs, intervenants font que
différentes pratiques sportives sont mises à disposition des individus, pour
tous les publics, y compris ceux qui sont touchés par des contraintes liées au
handicap. Aujourd’hui cet accès aux pratiques sportives est inégalitaire selon
les territoires, les activités sportives extrascolaires notamment, et dépendent
lourdement des infrastructures mises à disposition du mouvement sportif par les
communes, des moyens de transport et de l’importance politique que certaines
municipalités lui accorde. De ce point de vue il importe de rénover et
d’enrichir l’offre en équipements sportifs du quotidien et non pas seulement
construire de grands stades de football. Ces questions de bienfaits des
activités physiques et sportives doivent être intégrées dans une réflexion plus
globale en termes de santé publique en promouvant la recherche conjointe entre
les champs du sport et de la santé. Une nouvelle politique sportive doit être
développée dans cette perspective de « sport-santé » avec des moyens
suffisants pour assurer son développement en définissant les besoins dans les
territoires et en établissant des programmes locaux de promotion des activités
physiques et sportives pour un accès de tous. Paradoxalement bien que tous
s’accordent pour reconnaître les bienfaits du sport, les moyens attribués par
l’État sont en constante diminution, les moyens reposant aujourd’hui
essentiellement sur les collectivités et le mouvement sportif. Eu égard au
contexte d’économies budgétaires, nous ne pouvons que nous inquiéter de
l’évolution de la situation et de l’affaiblissement du mouvement sportif.
Contre
les lobbies des médecins et de l’industrie pharmaceutique, un système de santé
public !
Après les dégâts causés par la loi HPST, la mise en
concurrence entre hôpitaux publics et privés et les réductions budgétaires de
l’hôpital public, le système de soins français et ses professionnels sont en souffrance.
Moderniser et améliorer le système de
santé passe par le rendre plus juste. À l’heure où le renoncement aux
soins explose, où les inégalités dans l’accès aux soins se creusent, permettre
à chacune et chacun d’accéder aux soins qu’ils sont en droit d’attendre est
d’une impérieuse nécessité.
Au sortir de leur formation nombre de médecins,
qu’ils soient généralistes ou spécialistes, cherchent à maximiser
l’investissement qu’ils considèrent avoir fait dans leurs études
(investissement à relativiser étant donné que c’est l’État qui forme dans ses
universités publiques la majorité des médecins) d’où une concentration des
médecins dans les zones urbaines. Avec le départ à la retraite des médecins
exerçant en zone rurale, nos campagnes se vident et des citoyens se trouvent
parfois à plusieurs dizaines de kilomètres d’un médecin. Nous devons assumer d’être de gauche
et rompre avec l’exercice libéral de la médecine. Un système de soins dans
lequel les médecins sont fonctionnaires permettrait à l’État de répartir
également sur le territoire les praticiens qu’ils soient généraliste ou
spécialiste, mais également de rémunérer les praticiens selon une grille
indiciaire semblable à celle existant dans la fonction publique et de leur
assurer un salaire décent peu importe la taille de leur patientèle. Au-delà, le
médecin n’ayant plus comme impératif de fidéliser sa patientèle, il n’aura
aucun intérêt dans un système public à être complaisant ou à exiger des
dépassements d’honoraires. Un système de soins public, c’est l’assurance que
tous les citoyens puissent se faire soigner peu importe leurs moyens.
L’industrie pharmaceutique
possède une certaine emprise sur la politique du médicament et les
prescriptions. Avec plus de 21
milliards d’euros en 2009, les remboursements de médicaments représentent le
premier poste de dépense en soins de ville. Molécules modifiées à la marge pour
relancer le brevet, politique tarifaire guidée par les seuls intérêts des
laboratoires, stratégies d’optimisation fiscale de ces mêmes laboratoires alors
qu’ils profitent largement du système de soins français, augmentation
artificielle des prix, retrait de produits utiles mais peu rentables, usage de
ressources publiques par les laboratoires sans tenir compte de l’intérêt
général, il devient nécessaire que l’État investisse ce champ de la politique
du médicament avec un pôle public du médicament doté de moyens industriels
publics.. Laisser au secteur privé la recherche et la fabrication des
thérapeutiques, c’est laisser le marché décider quelle pathologie sera soignée
ou non. Avec de tels programmes et la fabrication des médicaments par une
entreprise publique, le coût des médicaments baissera puisque l’État n’est pas
soumis à l’impératif d’un profit immédiat et maximal et n’a pas d’actionnaires
à rémunérer. Les laboratoires privés ayant perdu en rapport de force, les
médecins ne seront plus « incités » à prescrire tel médicament plus
qu’un autre. Les critères de rentabilité financière étant déterminants pour les
actionnaires des grands groupes pharmaceutiques, les dérives majeures que nous
avons connues du contrôle et de la transparence sont à l’origine de bien des
scandales sanitaires. Elles trouvent leur origine dans cette recherche
obsessionnelle du profit maximal et dans la collusion et les conflits
d’intérêts manifestes des acteurs intervenant dans les organes d’évaluation et
de mise sur le marché de spécialités médicamenteuses. Supprimons la publicité
sur les médicaments, rendons possible l’information sur le médicament à
destination du public, rendons publics les comptes-rendus des instances ayant à
traiter du médicament, rendons possible la centralisation et la traçabilité de
toutes ces informations à partir d’un portail public unique mis en œuvre sous
la responsabilité d’une autorité administrative indépendante afin de mettre fin
aux conflits d’intérêts et rassurer les Français sur la sécurité des produits
médicamenteux qu’ils consomment. Une
politique sanitaire de gauche doit porter la démocratie sanitaire et sociale en
étendard. Si une autre politique du médicament et un service public de la santé
sont possibles, il en va de même pour la démocratie sanitaire. Aujourd’hui
nombre d’associations s’investissent dans le champ de la santé :
associations de patients, de médecins, de lutte contre le cancer ou d’autres
pathologies, souvent rares, etc. Nous devons les intégrer dans les conseils et
les collèges des instances liées aux soins dans le but d’améliorer le service
rendu par un contrôle démocratique des représentants des usagers.
Une seule logique doit guider notre
action : les besoins humains. Un seul principe doit nous orienter :
le courage. Le courage pour oser rompre avec les dogmes libéraux, mener la
bataille culturelle sur la question de la protection sociale et de son
financement, du système de soins public, de la nouvelle politique sportive et
d’un changement radical dans la politique du médicament que nous voulons. Le
changement, c’est une amélioration rapide et durable de l’état de santé des
Français. Leur permettre de nouveau d’accéder aux soins, élargir les droits,
rétablir l’égalité entre les différentes conditions sociales c’est montrer de
manière tangible l’action de la gauche au pouvoir et la meilleure manière de
lutter contre la spirale des défaites que subit notre Parti.
Premiers signataires : Franck
LESUEUR-BONTE (CF 59), Roberto ROMÉRO (CN, VP CR Île-de-France), Alexis
DEBUISSON (59), Pascale PAVY (BF 59, CR Nord-Pas de Calais, CM), Leïla FRAT (59),
Faustine BALMELLE (59),
Signataires :
- Les membres des instances fédérales : Eloïse VENANCIO ( CF 52), Fabienne CHICHE (BF94)
- Les secrétaires de section et les militants : Raphaëlle REMY-LELEU (75), Lucas BOLIVARD (59), Paul MANON (59),Thibault LEBLANC (78), Laurent PERIN (59), Thomas BOUDIER-POTHIER (59)
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