ETATS-GÉNÉRAUX PS : UMA APPELLE À NE PAS PRENDRE PART AU VOTE DU 3 DÉCEMBRE

Argumentaire sur la Charte des socialistes 
I. Le déroulé des Etats généraux
Le déni de la parole militante. Les Etats généraux sont un objet non identifié. Ni déclaration de principe, ni Congrès, ce montage hors sol a pour but de définir l’ « identité socialiste » selon Jean-Christophe Cambadélis. A la Rochelle, un appel à contribution a été lancé. Nombreux sont les camarades qui ont pris la plume pour exprimer leurs idées. Pourtant, le processus débouche sur un texte aseptisé, qui évite tout débat sur la politique menée par le gouvernement et sans reprise aucune des propositions issues des réflexions des militants socialistes.
Un processus d’amendements cadenassé.La direction du Parti socialiste a ouvert aux différentes sensibilités le droit d’amender le texte le temps d’un week-end. Il en résulte que là où UMA a porté le débat, la réponse a été au mieux de modifier le texte à la marge. Certains thèmes n’ont même pas pu faire l’objet de débat (la compétitivité, le rapport aux déficits…)
II. La ligne politique
Une ligne politique Valsiste, le retour de la « troisième voie » blairisteL’objectif de redéfinir l’identité socialiste se heurte à la volonté affirmée de ne pas discuter l’action des socialistes au pouvoir. Le texte s’inscrit dans une dérive sociale-libérale qui se retrouve dans les 13 occurrences de l’expression « nouveau progressisme » chère à Blair, Schröder et Clinton à la fin des années 1990 et rejetée par Lionel Jospin.
Sur la caractérisation de notre action, le texte abandonne l’expression de « réforme radicale » pourtant fruit d’un compromis en 2008 lors du vote sur la déclaration de principe du PS.
Sur les combats historiques du PS,le texte fait l’impasse sur la diminution du temps de travail ou à la place des nationalisations (ne serait-ce que la régie de l’eau dans certaines collectivités). Au cœur des combats du parti socialiste d’Epinay, ces solutions sont évacuées.
Sur l’encadrement de la finance, le texte reste évasif et flou pour ne pas porter le combat là où le gouvernement recule. Par exemple, la taxe sur les transactions financières, citée à deux reprises, n’est pas définie comme intégrant l’ensemble des produits financiers échangés (actions, obligations, produits dérivés). Cet « oubli » renvoie au refus du gouvernement français de s’engager pour une vraie régulation. Comme un paradoxe, ce sont les conservateurs allemands qui poussent en faveur d’une intégration des produits dérivés, source des spéculations les plus folles, quand le gouvernement socialiste français recule sous la pression des banques.
Sur l’Europeles objectifs fixés sont plus que faibles. Là où Henri Emmanuelli avait intégré l’objectif « fédéraliste » à l’ADN socialiste en 1994, ce texte l’évacue. Ceux qui se disent « européistes » tournent le dos à un combat cher à la gauche socialiste et sociale-démocrate européenne.
Sur la transition écologique,bien que certains de nos amendements ont permis d’avancer sur ce thème, le texte reste très flou et ne fait pas de l’écologie un axe transversal au cœur d’une identité renouvelée.
Sur les aides aux entreprises, la formulation employée vise à justifier les aides non conditionnées accordées par le gouvernement. La notion de « compétitivité », au cœur de la réflexion sur l’entreprise, laisse peu de place à une analyse critique de l’action gouvernementale. L’aide fiscale aux entreprises ne peut être pensée sans conditionnement. Il ne s’agit en aucun cas de limiter l’action de l’Etat à une simple « demande [de] contrepartie » comme écrit dans le texte.
Sur la liberté de conscience,le texte fait explicitement référence à la religion musulmane. Certes, il s’agit de montrer le clivage avec la droite et l’extrême droite. Néanmoins, une référence si ancrée dans le contexte ne constitue en rien une réponse sur l’identité socialiste en matière de laïcité et de liberté de conscience.
Sur les institutions.Loin de toute référence à un nouvelle République, le texte inscrit le PS dans la logique de la Ve République. Aucune réflexion ni proposition sur les pouvoirs du Parlement, la place du Président de la République ou le rôle du citoyen. Le rapport à la souveraineté n’est jamais abordé.
Pour toutes ces raisons, qu’elles touchent au fond du texte ou à la prise en compte de la parole militante, Un Monde d’avance invite les militants à ne pas prendre part au vote. Cette diversion ne doit en aucun cas détourner les adhérents socialistes du seul évènement interne au PS à enjeu : le Congrès du 5, 6 & 7 juin 2015.